Actes du deuxième colloque international de l'association Verre et Histoire, Nancy, 26-28 mars 2009

Une stratégie de valorisation de l'innovation :
Léon Appert et le soufflage mécanique du verre

Anne-Laure Carré
Ingénieur de recherches
Musée des arts et métiers – CNAM, Paris.

Ingénieur chimiste, diplômé de l'école centrale des arts et manufactures, Léon Appert apparaît comme un homme incontournable par ses publications, ses inventions, sa place dans le milieu patronal de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Cet article ne prétend pas en révéler toute l'importance ; en effet bien des éléments restent dans l'ombre, faute d'archives personnelles ou de société ; aussi notre enquête s'est-elle bornée à son brevet le plus célèbre – le soufflage mécanique du verre. Outre les ressources classiques de la bibliographie (rapports, articles et traités), il utilise également comme sources les collections de modèles et échantillons du musée des arts et métiers.

A Strategy to valorize innovation: Léon Appert and mechanical glassblowing process.

Chemical engineer, graduated from the "Ecole Centrale des arts et manufactures", Léon Appert is a leading figure through his books, his inventions and his stature amongst the managers of the glass industry at the end of the 19th and early 20th centuries. This paper does not pretend to reveal all his achievements as a lot is still unknown due to a lack of archive material both private and industrial. Therefore it concentrates on his most important patent – mechanical glassblowing. Other than well known bibliographic resources, this research has also used sources from the collections of the Musée des arts et metiers.

∧  Haut de pageUne entreprise familiale

Léon Alfred Appert naît à Paris le 28 mars 1837, fils cadet d'un second lit, il a une demi-sœur et un frère, Adrien Antoine, son aîné d'un an. Leur père, Louis Adrien Appert, d'abord établi à Paris comme marchand quincaillier1, crée une société de couleurs vitrifiables en 18322. Plusieurs Appert sont attestés dans la fabrication et le commerce de verre, en particulier de verres bombés ou verres en globes, sans que l'on connaisse les éventuels liens de parenté3.

∧  Haut de pageUne éducation de chimiste à l'École Centrale

Après une scolarité au lycée Bonaparte (aujourd'hui lycée Condorcet), Léon Appert est admis en août 1853 à l'École centrale des arts et manufactures, à l'âge de 16 ans. Dans le dossier personnel que les archives de l'école4 conservent, son père se déclare chimiste. C'est donc naturellement cette spécialité que le jeune Léon choisit pour son diplôme de troisième année. Les appréciations de ses professeurs sont flatteuses et il est jugé très bon élève avec d'excellentes notes en chimie industrielle. Au final en 1856, il se classe premier en chimie et troisième de l'ensemble de la promotion.

∧  Haut de pageL'entreprise Appert frères

À sa sortie de l'école, il est appelé dans l'entreprise familiale. En 1858, son père, Louis Adrien Appert l'associe à la société avec son frère aîné, Adrien Antoine (1836-1902).

Une idée assez précise des produits de l'entreprise Appert et des premières années de son fonctionnement est fournie par le rapport de Salvetat au nom du comité des arts chimiques de la Société d'encouragement en 18775. En effet, il donne un bref historique de l'entreprise que complètent les descriptions de carrière que Léon Appert remplit en 1878 lorsqu'il est proposé pour recevoir la légion d'honneur6.

Vers 1836, la fabrication des verres et cristaux, des émaux colorés en baguettes et en tubes s'ajoute à la première spécialité de couleurs vitrifiables pour le décor du verre et de la porcelaine. La fabrication se fait sans doute au 151 rue du Faubourg-Saint-Martin qui est aussi la maison familiale. Une usine est créée à la Villette7 en 1856, ce qui permet de donner un essor à la fabrication. Il faut noter que c'est la date à laquelle Léon Appert termine sa scolarité à l'école Centrale. Deux ans plus tard, lorsque le père associe ses deux fils aux affaires, la variété s'accroît encore : émaux pour différents métaux, pour les bijoux, cristaux ou masses à tailler pour l'imitation des pierres fines.

La société en nom commun Appert et fils devient en 1865 la société Appert frères, suite au retrait de Louis Adrien qui décède en 18668. C'est ce nom que conservera l'entreprise tout au long de l'activité de Léon Appert et celui que conserveront ses fils9 lorsqu'ils reprendront la société au début du XXe siècle.

∧  Haut de pageDes couleurs vitrifiables à la diversification : l'installation à Clichy

En janvier 1876, la société Appert frères déménage ses fours « dans des conditions d'espace et d'agrandissement qui leur permirent d'ajouter encore à leur production variée celles des verres en feuilles pour l'optique, verres pour la décoration des appartements, les vitraux et enfin les verres de laboratoire »10. L'usine de la Villette est abandonnée au profit d'un terrain, 5 chemin des chasses, devenu 34 rue des chasses à Clichy la Garenne11.

En 1879 une nouvelle société est formée entre les deux frères, l'acte notarié12 précise « M. Adrien Antoine Appert sera plus spécialement chargé de la comptabilité, M. Léon Alfred Appert s'occupera plus particulièrement de la direction de la fabrication ».

Le capital social de l'entreprise, apporté par moitié par chacun des frères, s'élève à 600 000 francs et comporte, outre fonds de commerce, clientèle et marchandises, une propriété à Clichy la Garenne (5 chemin des chasses, il s'agit de l'usine) et un terrain rue du Centre à Pantin. Il n'est pas fait mention du dépôt parisien 66 rue Notre-Dame-de-Nazareth ; sans doute acheté entre 1879 et 1882 où l'adresse figure sur le papier à en-tête.

Salvetat ne donne pas de description de l'usine, mais il indique que la verrerie utilise des fours Boétius et un four Biévez pour l'étenderie. Christian Capdet, responsable des archives municipales de Clichy, dans un petit dépliant consacré aux verreries de la commune13 précise que l'usine Appert s'étendait sur « une superficie de 12 500 mètres carrés, presque entièrement recouverte de bâtiments à la fin de l'exploitation. Il y avait la verrerie proprement dite, l'atelier de poterie et un hangar, deux magasins, un magasin et un hangar, un laboratoire, une bascule et son bureau, une bascule et son magasin, la maison et le pavillon, la remise et son écurie. »

En se référant toujours au rapport de Salvetat de 1877, le détail des produits présentés à l'appréciation de la Société d'encouragement est impressionnant : émaux en baguettes ou broyés, poudres d'or et d'argent pour les émailleurs, pour les fabricants de verre mousseline, les faïenceries, les fabriques de pipes, les verreries ; tubes, vases et pièces soufflées et recuites pour les constructeurs de chaudières, d'appareils de physique et chimie ; masses de cristal pour les lapidaires en pierres fausses, verres de couleurs pour l'administration des phares, cuvettes de composition spécifique pour la photographie… la liste est longue, encore le rapporteur indique-t-il que l'entreprise est prête à étudier toute demande spécifique !

La fin des années 1870, la décennie 1880 sont donc des années de fort développement pour l'entreprise Appert frères, celles des premiers brevets qui vont lui offrir une large visibilité au-delà du domaine des couleurs vitrifiables.

∧  Haut de pageLe soufflage à l'air comprimé

∧  Haut de pageLa verrerie, une industrie en crise

L'industrie du verre se partage en une grande variété de productions : verre creux, verre plat, mais également verres spéciaux et produits de plus faible tonnage. Leur caractéristique commune (à l'exception de l'industrie de la glace) est d'avoir gardé à la fin du XIXe siècle des modes de fabrication et des savoir-faire ayant fortement résisté à la mécanisation qui s'est installée dans les autres industries de transformation de la matière. Si les hommes du XIXe siècle constatent bien cette « enfance » de la verrerie, Jean-Pierre Daviet dans ses travaux sur la Compagnie de Saint-Gobain14 rappelle chiffres à l'appui qu'il faut attendre la fin des années 1930 pour voir une baisse notable des effectifs ouvriers. Dans le verre creux, dans le verre plat, c'est le souffleur qui règne en maître. Seuls la glace ou le verre imprimé connaissent des process plus mécanisés. Tous ces métiers ont été fortement bouleversés par les nouveaux modes d'organisation du travail imposés par le travail en continu des fours à bassin à partir de la décennie 1880.

Les principaux défis à résoudre pour les verriers sont les suivants : améliorer les modes de chauffage, obtenir des réfractaires de meilleure qualité (limites persistantes pour les produits de qualité) et au premier chef, se passer du souffle de l'homme. Mais le verre reste une matière dont la composition chimique et le comportement physique sont très mal maîtrisés pendant tout le XIXe siècle.

Ce matériau versatile, dont la gamme des applications est extrêmement variée est un produit au potentiel célébré à l'instar de la Fée Électricité. Au tournant du XXe siècle, certains n'hésitent pas à parler d'« un âge du verre », qui succéderait à l'âge de la vapeur et du fer15.

Pourtant cet hygiénisme des produits contraste fortement avec la mise en forme artisanale et épuisante du verre dans les usines. Caroline Moriceau rappelle que trois causes d'insalubrité spécifiques au travail des verriers sont reconnues par les hygiénistes : « les risques liés à chaleur et à la lumière qui émanent des fours de fusion, ceux produits par le développement des poussières et des vapeurs […] ; ceux enfin dus au soufflage du verre »16. C'est précisément sur ce mode de mise en forme – symbole de la qualification ouvrière – que vont porter d'abord les recherches de Léon Appert.

∧  Haut de pageAppert, ingénieur innovateur

En effet, celui-ci dépose seize brevets (et de très nombreux certificats d'addition)17, en son nom propre, ou au nom de la société Appert frères. Ceux-ci concernent à la fois matériels et procédés : amélioration du four Boétius, soufflage à l'air comprimé, moulage méthodique mais aussi verre perforé, verre imprimé et verre armé.

Bien qu'il précise avoir expérimenté son système dès 187918, et sans doute dès son arrivée dans l'usine nouvelle de Clichy, c'est en 1882 qu'Appert dépose au nom de la Société Appert Frères, une demande de brevet de quinze ans pour « un système d'appareils pour l'application de l'air comprimé à la fabrication du verre »19. Elle sera suivie par six certificats d'addition.

Le texte du résumé indique clairement son objet :

« nous revendiquons le système d'appareils permettant l'application de l'air comprimé mécaniquement, au soufflage du verre ainsi qu'à son refroidissement et à celui des moules ; nos appareils de soufflage étant principalement caractérisés par :
1° la disposition d'une buse prenante, dans laquelle l'effort exercé pour l'introduction de la canne du verrier suffit pour produire l'obturation convenable, et permet à la dite buse d'être entraînée par la canne dans ses diverses évolutions ;
2° la disposition de conduits dans lesquels la distribution de l'air comprimé se fait en quantité variable et à la volonté du verrier par l'intermédiaire d'un robinet à fermeture automatique actionné par un mouvement quelconque de cet ouvrier, par le pied, la main, le poids du corps ainsi que décrit ci-dessus en principe. »

Quatre dispositifs spécifiques sont mis au point :

  • une adaptation du traditionnel banc de verrier avec ses longues bardelles ;
  • une sorte de marche pied avec un dispositif en col-de-cygne, pour le moulage au moule fixe ou moule tournant (gobeleterie, verrerie d'éclairage) ;
  • une borne tronconique (surnommée par mes collègues de la régie « la cafetière », ce qui est assez évocateur) pour celui des globes en verre destinés au découpage des verres de montres, des matras, etc. ;
  • un tube flexible s'allongeant ou s'enroulant automatiquement sur une poulie pour le soufflage des manchons de verre à vitre qui impose plusieurs positions successives.

Dans les Conférences sur le verre qu'il donne à l'Union centrale des arts décoratifs en 1885, il précise qu'il s'est appuyé des expériences de physiologie menées auprès des souffleurs afin de déterminer les cubages d'air et la pression induite20.

Une illustration complète de ces installations à l'usine de Clichy est publiée dans La Nature en 188321. Trois illustrations montrent les appareils décrits dans le brevet, et une planche permet de se rendre compte de l'organisation de la halle de soufflage. Autour des fours Boétius, l'air comprimé stocké sous le sol de la halle est détendu à des pressions variables (selon les pièces à fabriquer), puis il est distribué par un réseau de canalisations avec prises d'air réparties selon les différents dispositifs de soufflage. On voit au premier plan, le travail au banc, à droite de l'image, le soufflage des boules avec les bornes tronconiques et au fond à gauche, un ouvrier monté sur le marchepied. On y voit également des ouvriers travaillant à la bouche, de façon traditionnelle ainsi que l'étirage des tuyaux (pour les capillaires de thermomètre par exemple), grâce à un système de rails, à l'extrême gauche de l'image.

Dans le rapport qu'il présente à la Société d'encouragement22 en 1885, Victor de Luynes conclut prudemment ainsi : « Ces procédés n'augmentent pas les frais de soufflage ; ils paraissent au contraire, les diminuer d'une manière notable, à cause de la rapidité plus grande du travail ; ils ménagent la force des ouvriers, permettent de supprimer un certain nombre d'enfants, et évitent enfin l'usage commun des cannes, ce qui empêche la propagation des maladies contagieuses. »

∧  Haut de pageLes retombées du brevet, une gratification morale plutôt que financière

Pour cette innovation, la société Appert frères reçoit le prestigieux prix Montyon23 de l'Académie des sciences, gratifié de 2 500 francs, en décembre 1886. C'est Eugène Peligot24 qui en est le rapporteur, et il précise que Jean-Baptiste Dumas avait présenté avec enthousiasme le procédé Appert dès le mois de juin 188325 ; le délai dans l'examen étant dû aux différents essais que la commission des arts insalubres se doit de réaliser. Peligot rappelle, bien entendu, l'invention de l'ouvrier Robinet – une pompe mise au point vers 1824 à la Cristallerie de Baccarat – qui avait été récompensée, par l'Académie en 1832 (prix Montyon de 8 000 F), et le soufflet breveté par Georges Bontemps26 en 1833.

Cependant les retombées financières et la diffusion du procédé sont difficiles à juger en l'absence d'archives d'entreprise. En effet on ne peut connaître la part de revenus que tirait la société Appert frères des licences qu'elle monnayait. Il n'a été possible de consulter que les seules archives de la Compagnie de Saint-Gobain27, mais celle-ci n'a été licenciée que pour deux autres brevets : le moulage méthodique et le verre armé. En 1887, dans une communication à la société des ingénieurs civils, Appert doit reconnaître que son système connaît peu de succès, il met en avant deux arguments : la résistance des ouvriers aux changements, les coûts d'installation (qu'il évalue à 12 000 francs).

Cependant, c'est bien sous l'angle du caractère hygiénique que le procédé est mis en avant et non pour sa rentabilité. Le brevet sur le soufflage mécanique ne constitue certes pas une innovation verrière majeure, mais il sert parfaitement les intérêts d'un ingénieur verrier, soucieux de publicité, mettant d'abord en avant l'hygiénisme de ses produits plutôt que leurs performances techniques.

∧  Haut de pageL'exposition du procédé

La société Appert profite de la huitième exposition de l'Union centrale des arts décoratifs, organisée en 1884 et intitulée La pierre, le bois, la terre, le verre28, pour exposer son système de soufflage mécanique dans le vieux palais de l'industrie. Lorsque Edmond Bazire, rapporteur de la quatrième section de l'exposition, souligne la qualité des verres de couleur Pelletier, qui sont soufflés à la bouche, et ne voit guère d'avantages aux procédés mis en avant par Appert29, une polémique s'ensuit et Appert réclame le droit de défendre ses produits.

L'union centrale met sur pied une commission et c'est l'occasion d'un surcroît de publicité offert à la maison Appert, qui sollicite auprès des peintres verriers connus, tels Lobin, Bardon, Leprevost, Hirsch, des courriers laudateurs et des essais. Enfin Appert invite les membres de la commission à une visite de l'usine de Clichy où il fait la démonstration des systèmes de soufflage à l'air comprimé. La commission conclut de l'intérêt des installations et estime dans son rapport que le point de vue hygiénique doit être bien supérieur au point de vue économique ! Bonne illustration de ce prestige moral dont jouit Appert…

∧  Haut de pageLes dons aux musées

C'est le musée des arts et métiers qui va, fidèle à sa réputation de musée technologique, rafler la mise ou plutôt la collection des appareils et de l'outillage employés pour le soufflage à l'air comprimé qui a été exposé. La main courante des collections reprend en 1884 l'intitulé du don Appert frères ainsi :

10467 : « Collection des appareils et de l'outillage employés pour le soufflage du verre par l'air comprimé, comprenant :
Série A : 1° manomètre à air libre indiquant la pression de soufflage
2° banc et canne de verrier avec appareil accessoire pour le refroidissement du verre
3° appareil mobile, dit col-de-cygne, pour le moulage des cheminées de lampes, verres à gaz, bouteilles, bonbonnes, etc.
4° appareil fixe pour la fabrication des bouteilles
5° appareil dit à souffler en l'air, pour la fabrication des boules à verre de montre et à bobèches, boules épaisses pour éclairage, matras à cristallisation, à sublimation, cornues de chimies, etc.
6° ensemble d'une disposition pour le soufflage des cylindres de pendules et des manchons de verre à vitres. »
10468 : « Série B. Boule d'éclairage et cornue de sublimation fabriquées à l'aide de l'appareil dit à souffler en l'air ».
10469 : « épreuve photographique montrant en coupes et plans, l'installation des conduits et appareils de soufflage du verre dans leurs établissements de Clichy ».

Une lettre manuscrite de Léon Appert30 précise qu'il entend soutenir les efforts de Colonel Laussedat (alors directeur du Conservatoire) pour le musée, et annonce qu'il joindra les échantillons nécessaires. Laussedat accepte avec empressement, il propose à Léon Appert la visite de la galerie de verrerie pour qu'il se « rende compte de l'importance des additions à apporter à cette partie de notre musée industriel pour la démonstration bien complète de votre ingénieux procédé de soufflage »31. Le musée prendra à sa charge la réalisation d'une grille d'entourage pour présenter au mieux les dispositifs Appert dans la galerie de Verrerie du Conservatoire32. Quelques années plus tard, lors de l'Exposition universelle de 1889, le premier don est complété par l'achat d'une série de modèles réduits33 et par une vitrine d'échantillons. Entre 1882 et 190834, plus de 150 objets sont entrés en collection, donnés ou achetés à la société Appert frères.

À l'issue de l'exposition de 1884, Appert a également envoyé à Henri Bouilhet, président de l'UCAD, une proposition financière35 pour l'achat d'échantillons et d'objets ayant figuré à l'exposition du palais de l'industrie, destinés au futur musée des Arts décoratifs.

Mais il est probable que les liens d'Appert avec le Conservatoire aient été renforcés par les liens d'Appert avec les professeurs, la proximité de l'entreprise (le n° 66 rue Notre-Dame-de-Nazareth est à deux pas du Conservatoire), voire par la fourniture de matériels pour les laboratoires36.

∧  Haut de pageValoriser ses inventions

Valoriser et faire connaître son travail requiert la mise en place d'un réseau susceptible d'examiner, de rapporter, de recommander, voire de décerner prix et récompenses. Léon Appert, membre de sociétés d'ingénieurs dès sa sortie de l'école centrale, soigne sa popularité. Grâce au prestige de son prix Montyon, il est tout désigné pour faire partie des instances administratives qui cherchent à réglementer et à faire évoluer les conditions de travail dans les usines à feu continu, entre chefs d'entreprise, syndicats et la jeune inspection du travail. Enfin, sa place de verrier savant, spécialiste de produits semi-finis, fait de lui un bon intermédiaire parmi les membres du syndicat professionnel.

∧  Haut de pageUne carrière remplie d'honneurs et de charges

Dès 1857, Léon Appert est inscrit à la Société des anciens élèves et profite de la sociabilité centralienne37. Les petites promotions de chimistes renforcent sans doute ce réseau social qu'il exploitera toute sa vie. Il s'inscrit normalement à la société des ingénieurs civils, et à la société d'encouragement pour l'industrie nationale (SEIN). Il entre au conseil de cette institution en 1886, d'abord au comité des constructions et des beaux-arts appliqués à l'industrie, puis au comité des arts chimiques. Il en est vice-président trois années de suite, de 1895 à 1897.

Il publie une vingtaine d'articles dans le Bulletin de la SEIN38 et retrouve rue de Rennes de nombreux professeurs du Conservatoire des arts et métiers : Eugène Peligot (professeur titulaire de la chaire de chimie appliquée aux arts), Victor de Luynes (professeur de la chaire de chimie appliquée aux industries de teinture, céramique et verrerie) mais aussi Émile Trélat39 (professeur de la chaire de constructions civiles et fondateur de l'école spéciale d'architecture) ou Lucien Magne (professeur titulaire de la chaire d'art appliqué aux métiers) qu'il a déjà rencontré sur des chantiers de restauration d'églises.

Membre dès 1857 de la Société des ingénieurs civils de France, dont il est au conseil en 1889, Appert en devient président en 1895. C'est donc naturellement qu'il rend compte de nombreuses fois de ses travaux et des progrès de l'industrie du verre dans les pages de leur organe : Les Mémoires et comptes rendus de la société des ingénieurs civils de France40.

En 1892 il est nommé membre du Conseil supérieur du travail41. Créé par le gouvernement radical, le Conseil composé de quatre-vingts membres, sénateurs, députés, hauts fonctionnaires, ingénieurs, industriels et ouvriers, est chargé de rendre des avis sur toutes les questions intéressant le travail et les questions ouvrières. Léon Appert y est renommé en 1900. Huit ans plus tard, il est nommé membre de la commission d'hygiène industrielle42. Ce comité réduit faisant une large place aux hygiénistes, il vient en fait se surajouter au comité consultatif des arts et métiers dans un souci d'allégement de la tâche de ce dernier et de répartition plus rationnelle des rôles.

En 1898, il est président du syndicat des fabricants de cristaux et verreries de France et en 1901 devient président d'honneur du syndicat des maîtres de verreries de France, qu'il a présidé pendant de nombreuses années.

Hors-concours en 1889, il est président du jury d'admission de la classe 73 : cristaux et verrerie à l'Exposition universelle de 1900. À 63 ans, il est au pic de sa carrière, mais sa longévité exceptionnelle lui assurera encore d'autres charges, en particulier lors de la Première Guerre Mondiale.

En 1917, il est choisi comme conseiller technique43 du musée des arts et métiers pour renouveler la présentation des collections et redonner une place d'actualité au musée. Léon Appert est âgé de 82 ans ! C'est à la fois typique de la gérontocratie de l'époque, mais aussi révélateur de la place éminente qu'il occupe toujours parmi ses pairs44. Il meurt le 16 juillet 1925.

∧  Haut de pageLes dernières années de l'entreprise

En 1923, alors qu'un volumineux dossier est constitué pour solliciter une cravate de commandeur de la Légion d'honneur (qu'il n'obtiendra pas), Léon Appert indique que la société Appert frères, au capital de 1 500 000 F, occupe 300 ouvriers, consomme 10 000 tonnes de charbon par an et a un chiffre d'affaires entre 2 et 2,5 millions de francs45.

En l'absence d'archives, il est malaisé de comprendre la disparition rapide de la société. La mort de Léopold Appert en 1931 – qui provoque la dissolution de la société en nom collectif Appert frères – est sans doute une explication. La réorganisation et la mécanisation, sous la houlette de la Compagnie de Saint-Gobain, de l'industrie des verres spéciaux, en est une autre. L'entreprise Appert est alors « mariée » à la fabrique d'optique Parra Mantois du Vésinet et à la société verrière de Bagneaux que Saint-Gobain avaient repris en 1915 pour créer un pôle d'optique. Le nouvel ensemble prend le nom de SEVBA (Société d'exploitation des verreries de Bagneaux et Appert frères réunies). L'usine de Clichy disparaît46, la production est concentrée à Bagneaux. La société Appert frères sera liquidée en 1947.

∧  Haut de pageConclusion

La personnalité47 de Léon Appert, sa présence dans de multiples réseaux, ont donné à une modeste maison familiale une représentativité importante. Dans le contexte de crise que connaît la verrerie dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le cas Appert permet de révéler le rôle paradoxal de la valorisation de l'invention. En effet, les brevets qu'il dépose reflètent tout à fait les préoccupations d'une profession qui cherche à s'affranchir des savoir-faire ouvriers (en particulier le soufflage, principal mode de mise en forme, pour la vitre, la bouteille ou la gobeleterie) et doit négocier avec une réglementation du travail qui se renforce.

Cependant les améliorations, qu'il mettra en œuvre dans son entreprise, s'appliquent surtout aux produits qu'il fabrique : des objets de dimensions exceptionnelles, difficiles à réaliser ; bobonnes, touries, énormes sphères à découper les verres de montres. Elles ne sont pas applicables aux produits de grande diffusion comme le verre à vitre.

Enfin, le prestige qu'il tire d'une innovation inaboutie comme le soufflage mécanique ne doit pas cacher la réussite commerciale d'autres procédés : moulage méthodique ou verre armé. La question de l'Appert Glass Company48, créée aux États-Unis et dirigée par Léopold Appert, son fils aîné, reste toujours bien mystérieuse.

Anne-Laure Carré

  • 1.  ↑  Dans son contrat de mariage en 1824, il est établi comme marchand quincaillier au 50 rue des Arcis à Paris, près de l'hôtel de ville. (Copie de l'acte notarié, musée d'Orsay, Documentation de la conservation, Objets d'art, boîte Appert.)
  • 2.  ↑  Cette date figure dans les divers documents rassemblés par Appert lors de ces demandes de décorations, mais le papier à en-tête de la société indique 1835.
  • 3.  ↑  L'almanach du commerce mentionne un Appert établi rue du Jour et une société Appert, Mazurier et Co, fabricants de verres bombés, dont le Musée des arts et métiers possède d'ailleurs une belle maquette (inv. 6439) provenant de l'Exposition universelle de 1855. Le Didot Bottin signale par la suite une association Appert, Lengelé et Cie (voir Almanach du commerce, 1859) toujours dans la même spécialité, installé rue Notre-Dame-de-Nazareth. Les globes et cylindres servent aussi à la découpe des verres de montre, qui seront un des produits d'Appert frères à partir des années 1870.
  • 4.  ↑  Je remercie Jean-Yves Jouan, bibliothèque de l'ECP, d'avoir mis ces documents à ma disposition. Aucun projet de fin d'études n'a été conservé pour l'année de sortie 1856.
  • 5.  ↑  Bulletin de la SEIN, 3e série, tome IV, 1877, p. 375, 626-628. La SEIN décerne une médaille de platine à la société Appert frères pour la qualité de ses produits.
  • 6.  ↑  Archives nationales, F12/5082.
  • 7.  ↑  6 rue Royale à la Villette, devenue, suite au rattachement des communes limitrophes à Paris opéré sous Haussmann, rue de l'Ourcq dans le 19e arrondissement de Paris. En 1863, Léon Appert, donne cette adresse rue Royale à la Villette à la société des anciens élèves de Centrale.
  • 8.  ↑  Voir Documentation de la conservation au musée d'Orsay, Objets d'art, boîte Appert. Minute notariale succession Louis Adrien Appert.
  • 9.  ↑  Léopold Antoine, né le 27 mai 1867, est diplômé de l'École centrale en 1889. Il décède le 15 juillet 1931 à Vichy. Maurice Adrien, né le 26 janvier 1869 à Paris et diplômé en 1891, décède en 1941 à Vichy. Ils sont associés à leur père dès leur sortie d'école.
  • 10.  ↑  Salvetat, Bulletin de la SEIN, 3e série, tome IV, 1877, p. 375, 626-628.
  • 11.  ↑  Aujourd'hui rue Pierre Bérégovoy ; il n'y a plus aucune trace de l'usine, des logements ont été construits dans les années 1930.
  • 12.  ↑  Voir Documentation du musée d'Orsay, Objets d'art, boîte Appert.
  • 13.  ↑  Les archives municipales sont inaccessibles. Ces précisions géographiques sont importantes car à Clichy existent d'autres verreries importantes, dont la cristallerie de Clichy appartenant à la famille Maës, qui emploie pour la direction de l'usine un autre centralien, Louis Clémandot (1815-1891). Jean Maes, Roland Dufrenne, La cristallerie de Clichy, 2005. 447 p.
  • 14.  ↑  Jean-Pierre Daviet. Un destin international. La Compagnie de Saint-Gobain de 1830 à 1939. Paris : Éditions des archives contemporaines, 1988. Il estime que la seule réussite de mécanisation avant la première guerre mondiale est la machine Boucher, mise au point entre 1894 et 1898, récompensée par un grand prix en 1900, lors de l'Exposition universelle de Paris.
  • 15.  ↑  Jules Henrivaux. Les Ressources nouvelles de l'architecture, une maison de verre. Tiré à part de la Revue des Deux-Mondes, 1898.
  • 16.  ↑  Caroline Moriceau, « Hygiène et santé des verriers à l'heure de la mécanisation », in Claude Boucher, les cent ans d'une révolution des industries verrières à Cognac. Musée de Cognac, 1998, p. 43-53.
  • 17.  ↑  Voir la liste en annexe 1.
  • 18.  ↑  Compte-rendu de l'Académie des sciences, tome 96, 4 juin 1883, p.1635
  • 19.  ↑  Brevet 149 370 3 juin 1882 certificat d'addition déposé le 30 juin 1882 + certificat d'addition déposé en février 1883, + certificat d'addition du 29 septembre 1883 (dispositif en col de cygne pour le soufflage du verre à vitre ) + certificat du 18 octobre 1883 (système de pédales et poulies pour ne pas gêner le travail de l'ouvrier) + certificat du 18 mars 1884 + certificat d'addition du 30 mai 1885 (dispositif de guidage et maintien de la canne de verrier et de la buse de soufflage d'air comprimé) ».
  • 20.  ↑  Léon Appert, Conférences sur le verre, son histoire et ses procédés de fabrication, tiré à part de la Revue des Arts décoratifs, 1885, 31 p, p. 29. Décrit ainsi son processus expérimental : il a fait souffler les ouvriers dans un vase rempli d'eau d'où partait un tube de verre dans lequel le liquide s'élevait, on peut ainsi mesurer la pression produite dans l'intérieur du vase. A également déterminé qu'un ouvrier de gobeleterie soufflait environ 1200 à 1500 litres à forte pression, un bouteiller, 1200 à 1500, un manchonnier (verre à vitre), 7 à 8 mètres cubes !
  • 21.  ↑  Appert frères, « Le Soufflage du verre à l'air comprimé », La Nature, 1883, p. 87-90. 4 fig.
  • 22.  ↑  « Rapport de M. de Luynes sur les procédés de MM. Appert frères pour l'application de l'air comprimé au travail et au soufflage du verre », Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, 1885, tome 84, p. 485-489, pl. 166-167.
  • 23.  ↑  Jean-Baptiste Auget, baron de Montyon (1733-1820) était un philanthrope qui fonda plusieurs prix, dont deux posthumes : un prix de chirurgie et de médecine et un prix « sur les moyens de préserver les ouvriers des dangers auxquels les exposent les différents procédés des arts », dit aussi « Prix des arts insalubres ».
  • 24.  ↑  Compte rendu de l'Académie des sciences, tome 103, séance du 27 décembre 1886, p. 1379-1382. Péligot était le professeur de chimie de Léon Appert lors de son passage à l'École centrale.
  • 25.  ↑  Compte rendu de l'Académie des Sciences, tome 96, séance du 4 juin 1883, p. 1635-1637
  • 26.  ↑  Celui-ci envoie d'ailleurs une note rappelant l'antériorité de ses recherches lors de la publication de l'article dans La Nature en 1883. « Correspondance. Soufflage du verre à l'air comprimé, Amboise, 10 juillet 1883 », La Nature, 1883, p. 118.
  • 27.  ↑  Les archives de Saint-Gobain nous ont livré plusieurs pièces concernant les bacs d'accumulateur obtenus par moulage, mais malheureusement aucun dossier sur le verre armé, qui eut paradoxalement plus d'ampleur (une société américaine, l'Appert Glass Cy, fut créée pour exploiter les brevets cédés). Elles renferment aussi un contrat de cessation de licence (Archives Saint-Gobain, Fonds HIST C18/1, « achat de licence de fabrication de verres colorés ou blancs pour les vitraux (verre n° 4) contrat entre les Manufactures des glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey et Appert frères, 1er février 1890) au profit d'Appert pour la fabrication de verres colorés ou blancs pour les vitraux (verre n° 4 dans la nomenclature de la Compagnie, qui avait acheté le brevet Brogan et Mulloch n°182 207 de 1887 pour toute l'Europe et l'Amérique du Sud, sauf Angleterre et États-Unis).
  • 28.  ↑  Catalogue de la huitième exposition de l'UCAD, Appert figure dans le 3e groupe, 2e section, « APPERT frères, 66 rue ND de Nazareth, paris, verres, émaux, cristaux avec mention de la médaille d'or à Amsterdam, 1883, dipl. de mérite à Vienne 1873 et LH chevalier à Paris 1878 ».
  • 29.  ↑  Qu'il juge « pétri, que dis-je soufflé de bonnes intentions »… Edmond Bazire, « Rapport sur le 4e groupe de l'exposition de l'UCAD de 1884 », Revue des arts décoratifs, 1884/85, p. 192, à propos du verre rouge.
  • 30.  ↑  Musée des arts et métiers, Dossier d'œuvre inv. 10467.
  • 31.  ↑  Musée des arts et métiers, Dossier d'œuvre inv. 10467.
  • 32.  ↑  Musée des arts et métiers, Dossier d'œuvre inv. 10467, minute du 4 février 1885. Aucune image de la galerie de verrerie ne permet de rendre compte de ses aménagements, qui ont tous disparus.
  • 33.  ↑  Inv. 11500.
  • 34.  ↑  Voir liste des objets Appert au Musée des arts et métiers. Annexe 2.
  • 35.  ↑  Voir dossiers d'œuvre musée des Arts décoratifs. La proposition s'élève à 400 francs pour 247 items. Parmi les objets : des verres à boire, carafes, lampes de mosquée (en blanc), échantillons de verres taillés imitant les pierres précieuses, plaques et échantillons de divers types de verres de couleurs, dont une partie seulement (les verres en blanc) a été conservée.
  • 36.  ↑  Nous n'avons pu encore confirmer cette hypothèse dans nos dépouillements des archives administratives du CNAM.
  • 37.  ↑  En 1907 il sera appelé à siéger au Conseil de l'École centrale et, en 1918, il est président d'honneur de la société anonyme « La Maison des centraux » dont il a soutenu la création avec Lucien Delloye, autre grand verrier, directeur de la Compagnie de Saint-Gobain, et également ancien élève de Centrale.
  • 38.  ↑  Voir liste des publications, Annexe 3. Aujourd'hui, malgré un certain nombre de pièces rayées des inventaires (et en particulier la spectaculaire boule de l'EU 1889), le musée compte encore plus de 150 items.
  • 39.  ↑  Il déposera un brevet pour les verres perforés sur une idée de ce dernier, avec la société d'appareils hygiéniques Geneste Herscher (fondée par un autre centralien…).
  • 40.  ↑  Ibid.
  • 41.  ↑  Voir note d'Appert in Mémoires de la Société des ingénieurs civils, vol. 58, 01892, p. 640-643.
  • 42.  ↑  Celle-ci a été créée par décret du 11 décembre 1900 par Alexandre Millerand auprès de la direction du Travail (Vincent Viet, tome I, 274). Le premier président de la commission sera Duclaux, directeur de l'Institut Pasteur. L'un des premiers axes de recherche sera d'assimiler certaines maladies professionnelles aux accidents du travail (dont l'indemnisation était prévue par la loi du 9 avril 1898).
  • 43.  ↑  Archives du CNAM, série 8 AA/1. Le conseil d'administration du CNAM institue en 1917 des conseillers techniques du musée national des arts et métiers. Ils sont sommés par arrêté ministériel pour trois années et sont chargés d'une branche bien déterminée des collections. Les propositions émanent aussi bien des professeurs titulaires de chaire que des chambres syndicales. Pour Appert, c'est Octave Boudouard, professeur titulaire de la chaire de chimie appliquée aux industries de la chaux, ciments, verreries et céramiques de 1914 à 1923, qui le propose en compagnie du directeur de la Compagnie de Saint-Gobain, Louis Delloye, autre centralien éminent (qui déclinera).
  • 44.  ↑  En 1922, il donne encore une intervention à la SEIN, qui fait le point sur les transformations connues par l'industrie qui l'occupe depuis plus d'un demi-siècle.
  • 45.  ↑  Voir documents rassemblés pour la demande de cravate de commandeur de la Légion d'honneur demandée en 1923. Léon Appert ne l'obtiendra pas.
  • 46.  ↑  Il n'y a aujourd'hui plus trace de l'activité industrielle intense de Clichy-la-Garenne.
  • 47.  ↑  Les courriers échangés en 1906 entre Appert et Saint-Gobain pour une affaire de redevances sur la fabrication des bacs d'accumulateur révèlent un homme qui profite totalement de son réseau personnel pour interpeller directement le directeur des glaceries, Lucien Delloye, et s'attirer un traitement de faveur. Voir archives Saint-Gobain, 2e entente du 10 avril 1906.
  • 48.  ↑  Celle-ci est largement présente à l'exposition de Saint-Louis en 1904 où elle construit même un pavillon autonome pour présenter le verre armé sandwich et les autres produits Appert.