Actes du premier colloque international de l'association Verre et Histoire, Paris-La Défense / Versailles, 13-15 octobre 2005

Alain BOUTHIER, Maître de conférences retraité
Laboratoire d'Archéologie, UMR 85 46 CNRS / ENS, École Normale Supérieure, Paris (France)

Une table en fer battu à couler les glaces à Cosne-sur-Loire (Nièvre) en 1699

5. Hypothèses sur le commanditaire : Bernard Perrot ou autres

Qui d’autres pouvaient être intéressés par notre « Compagnie pour la fabrication de la table en fer battu à couler les glaces » ? Notre acte ne nous révèle l’identité que de deux acteurs secondaires : un fondé de pouvoir, Bertrand Desmarest Lottin (selon son paraphe), par ailleurs directeur pour la fourniture des fers de la Marine de Nivernais, et le caissier de la Compagnie, du nom de Périer ? L’inventaire après décès de Louis Henri Berthelot de Saint-Laurent18, dont on a vu les liens avec Grégoire de la Tour, ne mentionne dans le chapitre « papiers » aucune de ses participations financières dans les diverses sociétés où il avait placé des capitaux ! Voir en Bernard Perrot(o), neveu de Jean Castellan, maître de la verrerie de Nevers, l’un des promoteurs ou le bénéficiaire de la Compagnie, serait sans doute téméraire dans la mesure où, même si on ne connaît pas la date de l’acte fondateur de cette compagnie, on sait que Bernard Perrot s’était vu saisir en novembre 1695 sa verrerie orléanaise où, grâce à un privilège obtenu le 25 septembre 1688, il avait autorisation de couler du cristal en plaques (de dimensions inconnues), selon « l’arrest de commandement du Conseil d’Estat du 10 mars 1696 entre le procureur general de feu Son Altesse Royalle Monsieur frère unique de Sa Majesté duc d’Orleans, Bernard Perrot, d’une part, et les Interessés en la Manufacture Royalle, d’autre [part] »19.

On peut noter que le rattachement administratif de Cosne à la Généralité d’Orléans pourrait orienter nos investigations concernant les intéressés de la Compagnie vers des personnalités comme Michel Bégon, ou son beau-père Hervé Guymont, dont il avait épousé la fille Catherine, tous deux membres de la Compagnie Plastrier qui gérait la manufacture des glaces de Paris Reuilly ; Hervé Guymont, qui appartenait à une famille de souche orléanaise, était de plus, comme son père, conseiller du duc d’Orléans. Malheureusement, son inventaire après décès20, reste muet sur son éventuelle implication dans cette Compagnie, alors qu’il fait état des deux traités de société de la Manufacture, ainsi que d’autres pièces concernant les relations financières de Guymont avec la Manufacture. Son gendre Michel Bégon, très impliqué dans les affaires coloniales et maritimes, pourrait avoir un rapport avec le mandatement de Bertrand Desmarest Lottin, directeur pour la fourniture des fers de la Marine de Nivernais.

En l’absence d’autres pièces plus probantes, nous en sommes réduits à des conjectures !

∧  Haut de pageRéférences bibliographiques

Bouthier A., 1996,
« Le fourneau de Cosne : fonctionnement et vicissitudes (1681-xviiie siècle) », Actes du Colloque Fonderie et Marine (1994 ; Deuxièmes Rencontres d’Histoire de la Métallurgie), Guérigny : Les Amis du Vieux Guérigny, p. 211-237.

Bouthier A., 1998,
« Les Grégoire. Trois Ingénieurs du Roi à l’esprit fertile », Actes du Colloque L’Innovation Métallurgique en Nivernais (1996) ; Troisièmes Rencontres d’Histoire de la Métallurgie), Guérigny : Les Amis du Vieux Guérigny, p. 177-219.

Frémy E., 1909,
Histoire de la manufacture royale des glaces de France au xviie et au xviiie siècle, Paris : Plon.

Pris C., 1975,
La manufacture royale des glaces de Saint-Gobain. Une grande entreprise sous l’ancien régime, Thèse Université Paris IV, 1973, Lille III.


  • 18.  Arch. Nat., M. C., ét. XX, 599, notaire François Prevost, 3 juin 1749.  ↑
  • 19.  Ibidem, G7 1690.  ↑
  • 20.  Ibidem, ét. LXVII, 279, notaire René Péan, 16 décembre 1711.  ↑